Presse

Un 3 mai dans la méditation au Sud Kivu : Egide Kitumaini appelle les journalistes à une introspection individuelle

Le directoire national de l’Union Nationale de la Presse du Congo n’a rien prévu comme activité pour commémorer cette journée.

Aucun thème lié au 3 mai 2020 n’est annoncé sur le plan national.

Mais, d’entrer de jeu, laissez-moi vous dire que sur le plan mondial, il a été déjà prévu de la célébrer sous le thème « Le journalisme sans crainte ni complaisance ».
En 2019, le thème de cette journée était : « Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation ».

Ici, le contexte était tel qu’on allait s’apprêter aux élections locales, urbaines et municipales.

Malheureusement, nous avons tout oublié. Même les organisations de la société civile, les partis politiques ont oublié qu’il fallait revendiquer ce droit et devoir civique.

En RDC et au Sud Kivu, le 3 mai représente une grande journée pour sensibiliser à l’importance du journalisme indépendant surtout, la protection de l’accès à l’information et à la liberté d’expression.

En paraphrasant le président provincial de l’UNPC, section du Sud Kivu, disons que cette journée a pour objectifs de rappeler aux gouvernants leurs engagements en faveur de la liberté de la presse.

Les journalistes sont appelés à travailler sans crainte. Malheureusement, c’est dans des conditions très difficiles qu’ils effectuent leur métier.

Plusieurs professionnels de médias œuvrant dans les 90 organes de presse, environ, n’ont pas de prime, de salaire ni matériel professionnel adéquat pour bien assurer leur travail.

En tant que journaliste d’un média libre et indépendant, je pense que la Journée mondiale de la liberté de la presse 2020, devait mettre en garde certains professionnels de médias, les acteurs de la société civile, les défenseurs des droits humains, leaders locaux et membres des mouvements citoyens contre la désinformation sur la pandémie de Covid-19.

Le droit de parler librement et en toute sécurité, comme la liberté d’expression dans la presse, nous semble à ce jour, un droit fondamental, mais ce n’est pas un acquis partout à travers le monde.

Ce n’est pas pour rien que ce 2 mai, nous parlons du journalisme sans crainte ni complaisance à la veille de la date du 3 mai 2020.

Aujourd’hui, cette journée représente un grand moment à travers lequel chaque journaliste devait tracer un portrait de la liberté de presse dans le monde, en Afrique, en RDC et dans notre province du Sud Kivu en particulier.

En tant que journaliste d’un média libre et indépendant, cette journée constitue une occasion, un symbole afin de défendre l’indépendance des médias face au processus politique et au système judiciaire actuels en République Démocratique du Congo.

On se souvient également des journalistes censurés, emprisonnés ou assassinés.

Je rends d’ailleurs hommage à ceux décédés au travail, arme à la main, comme Serge Maheshe, Koko Bruno, Didace Namujimbo etc.

Nous demeurons des journalistes engagés pour sensibiliser sur l’importance du journalisme indépendant car dans notre milieu, nombreux organes de presse s’alignent derrière des acteurs politiques qui dictent la ligne de conduite peu profitable au peuple congolais dans son entièreté.

En tant que membre adhérant à l’Union de la presse du Congo, je me suis donné le devoir de protéger l’accès à l’information et la liberté d’expression car une presse libre et indépendante devient un outil incomparable et par excellence pour garantir la justice et pour protéger les droits de la personne.

C’est par exemple le Journal Le Souverain Libre de feue Solange Lusiku, icone et symbole de la liberté de la presse et de l’indépendance éditoriale.

Menacé par la pandémie de coronavirus actuellement, au Sud Kivu, je peins un tableau qui n’est pas du tout sombre.

Je loue entre temps, l’engagement communautaire de la presse audio-visuel, papier et en ligne vis-à-vis de la lutte contre la pandémie.

Cela sans pour autant bénéficier d’un fonds quelconque alors que la province dispose d’une caisse sociale de solidarité vis-à-vis de la réponse à cette épidémie au Sud Kivu.

Le plaidoyer qui reste à mener est tel que les professionnels de médias doivent bénéficier des moyens de la part de l’Etat Congolais parce que le travail qu’ils font sur le terrain est de titan et plus que louable.

Ce n’est pas pour rien d’ailleurs qu’il y a actuellement zéro cas positif de covid-19 au Sud Kivu.

Ceci constitue un résultat parlant face à la réponse sur cette disease et prouve le degré de professionnalisme avec lequel les médias travaillent.

Je condamne par contre quelques dérapages constatés en cette période.

C’est le fait que certains médias, voire quelques journalistes peu professionnel deviennent des caisses de résonnance de certains acteurs politiques et économiques pendant que la population attend qu’elle puisse être servie tel que stipulé dans le code d’éthique et déontologie journalistiques en RDC.

Conscients que la responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime sur toute autre responsabilité, en particulier à l’égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics et que la mission d’informer comporte nécessairement des limites que les journalistes eux-mêmes s’imposent spontanément, je fais mien l’article 7 du CEDP qui ordonne de n’accepter un quelconque présent de la part des sources d’informations, aucun avantage ou cadeau pour diffuser ou étouffer des informations, ni aucune gratification en raison de la publication, de la distorsion ou de la suppression d’une information.

Ce qui me pousse à dénoncer le comportement de certains médias, pas plus de six à Bukavu, qui reçoivent chaque mois une subvention provinciale afin de se comporter en enfants de chœur vis-à-vis de la gouvernance actuel.

« La date du 3 mai sert de rappel aux gouvernements sur la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la presse, de moment de réflexion pour les médias professionnels sur les questions relatives à la liberté de la presse et à la déontologie » disait Darius Kitoka la matinée de ce 2 mai 2020 au bureau de la centrale de monitoring à Bukavu, ajoutant que dans des dizaines de pays à travers le monde, des publications sont censurées, condamnées, suspendues ou tout simplement n’ont plus le droit de paraître, alors que des journalistes, des rédacteurs en chef et des éditeurs sont harcelés, attaqués, détenus ou même tués.

A la faveur de cette date, disons que les conditions de travail au sein de la presse restent difficiles.

Mais, j’encourage des initiatives en faveur de la liberté de la presse.

Dans le strict respect des mesures sanitaires et gestes barrières, à travers le confinement dont nous observons tous, je conclue mes propos en disant que la Journée mondiale de la liberté de la presse 2020 est l’occasion de dire à tous les acteurs impliqués dans la communication et qui jouent un rôle essentiel dans la lutte mondiale contre la pandémie de COVID-19 que ce virus sera vaincu grâce aux efforts des uns et des autres.

Ce sera grâce à la réponse immédiate aux défis sans précédent pour les secteurs des médias et des technologies numériques.

Il suffit d’y croire !
Faisons progresser la liberté des médias chers tous !

Egide KITUMAINI

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