Pierre Lumbi et son parcours dans divers domaines

Homme politique congolais, Pierre Lumbi a été plusieurs fois ministre dans différents gouvernements en RD Congo (Infrastructures, travaux publics et reconstruction / Affaires étrangères / Postes et télécommunications). On gardera de lui le souvenir d’avoir été au cœur des fameux contrats chinois (accord économique entre la RD Congo et la Chine) qui ont abouti au Programme des 5 Chantiers. Proche collaborateur de Joseph Kabila, il entre en dissidence en 2016 et se rapproché de l’opposant Moise Katumbi. Jusqu’à sa mort aujourd’hui, il était le Secrétaire général de “Ensemble pour la République”, parti politique de Moïse Katumbi.
Pierre LUMBI OKONGO est né à Bukavu en mars 1950. Après ses études primaires à Bujumbura (au Burundi) et secondaire à Bukavu (RD Congo), il revient à Bujumbura où il s’inscrit à l’Université Officielle du Burundi (UOB) mais, au bout des 2 premières années de candidature, et suite aux événements tragiques qui endeuillent le Burundi en 1972, il quitte le Burundi pour la France où il poursuivra ses études supérieures dans la ville de Lyon. Il y obtiendra un diplôme de licence en Psychologue clinique.
En 1978, Pierre LUMBI OKONGO décide de rentrer à la maison, à Bujumbura (au Burundi). C’est de là qu’il va opter pour la réorganisation des paysans en milieux ruraux en créant, dans la ville voisine d’Uvira, « Solidarité Paysanne », la toute première organisation non gouvernementale (ONG) laïque de la RD Congo. Pendant 10 ans, il va coordonner plusieurs actions de « Solidarité Paysanne », notamment dans le plaidoyer et le développement social et économique des communautés paysannes. D’abord dans la plaine de la Ruzizi (en territoire d’Uvira), puis dans l’ancienne province du Kivu et les trois nouvelles provinces après le démembrement du Kivu, avant d’attaquer tout le pays. Dans les actifs de « Solidarité Paysanne » on compte notamment :
(a) La création des coopératives paysannes des agriculteurs (Mkulima), des éleveurs (Butuzi) et des pêcheurs (COJEPU, Virugwe) dans la plaine de la Rusizi (à Uvira);
(b) La mise en place de la Coopérative des planteurs de canne à sucre (COPASUKI);
(c) La mise en place des réseaux de coopératives (FERCOOP et INTERCOOP) et des groupements des femmes paysannes (UWAKI) au Sud-Kivu, au Nord-Kivu et au Maniema;
(d) L’alphabétisation des femmes paysannes (Projet Alpha), la fourniture d’eau potable (PEP), l’amélioration de l’habitat rural et la protection de l’environnement (Projet reboisement) dans la Plaine de la Rusizi.
(e) La mise en place du CEP Katobwe qui a encadré les projets de traction bovine, de culture attelée, d’amélioration des rendements des paysans agriculteurs, éleveurs, aviculteurs, pisciculteurs, riziculteurs et arboriculteurs fruitiers.
(f) La mise en place, à Bukavu, d’un centre de formation (CF Bagira), un bureau d’assistance juridique gratuite des paysans (BAJ) et une action d’assistance et formation des filles mères (Maison de la femme);
(g) A Kinshasa, Solidarité Paysanne a créé une chambre des métiers pour promouvoir et encadrer les artisans des communes de Ndjili et Kimbanseke, ainsi que la création d’un syndicat national paysan (ASP), ainsi qu’un programme national d’échange et formation des paysans (PIEF).
Son entrée en politique date d’avril 1990, lorsque le Président Mobutu décide de libéraliser l’exercice de la politique. C’est sous l’impulsion de Pierre LUMBI, à travers son organisation « Solidarité Paysanne » que les organisations sociales vont s’organiser en une société civile, en vue de participer et de peser dans le débat en cours sur la démocratie, les droits de l’homme et la bonne gouvernance. Lancé à partir d’avril 1991 au Centre Bondeko de Limete (à Kinshasa), le Mouvement de la Société Civile s’est alors engagé dans la lutte pour l’organisation d’une conférence nationale souveraine (CNS). Lorsque ce combat est parvenu à obtenir la participation en plus grand nombre des délégués des organisations sociales que ceux des partis politiques, des institutions du gouvernement et des invités, Pierre LUMBI sera le seul chef de délégation de la Société civile à la CNS (ouverte en août 1991), d’une province (le Sud-Kivu) dont il n’est pas originaire.
La dynamique de la société civile coalisée avec les partis politiques d’opposition regroupés dans l’Union sacrée de l’opposition radicale (USOR) a dominé dans la CNS, au point où ses travaux ont été suspendus par le pouvoir de Mobutu. Pour que ce forum symbole de la lutte contre la dictature pour la démocratie reprenne ses travaux, Pierre LUMBI va initier le « Comité Laïc de coordination », un regroupement des laïcs chrétiens, qui a organisé la Marche d’espoir le 16 février 1992. Cette marche, violemment réprimée par l’armée du régime Mobutu, a été la manifestation populaire pacifique jamais organisée à Kinshasa et dans d’autres provinces du pays.
Pierre LUMBI participera désormais dans toutes les négociations entre le régime Mobutu et l’opposition, pour le compte du leadership associatif (notamment les négociations politiques de Palais de Marbre 1, Palais de Marbre 2 et du Palais du Peuple). A l’issue de ces négociations, Pierre LUMBI sera nommé :
(a) Ministre de la Santé, Famille et Affaires sociales du gouvernement Etienne Tshisekedi, en octobre 1991;
(b) Ministre de la Santé du gouvernement Jean Ngunz Karl I Bond, en novembre 1991 (il s’est désisté);
(c) Ministre des relations extérieures du gouvernement Etienne Tshisekedi issu de la CNS, en août 1992;
(d) Puis, en avril 1993 (un gouvernement parallèle à celui de Faustin Birindwa), Ministre des postes et télécommunications du gouvernement Kengo Wa Dondo, en juillet 1994.
Après la chute de Mobutu, il disparaît de la scène lorsque Laurent-Désiré KABILA prend le pouvoir. Il reviendra avec l’avènement de Joseph KABILA à la présidence de la RD Congo. Pierre LUMBI est nommé Chargé des stratégies à la présidence, puis participé au Dialogue inter congolais en Afrique du Sud en 2002-2003. Après l’accord de cessez-le-feu, il lancé le Mouvement Social des leaders de la société civile pour leur engagement en politique (qui deviendra, en novembre 2005, un parti politique, sous l’appellation Mouvement Social pour le Renouveau, MSR). Pendant ce temps, il exerce les fonctions d’Assistant-Directeur de cabinet du conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, Samba KAPUTO.
Lors des élections législative de 2006, le MSR devient la deuxième force politique de la Majorité au parlement. Pierre LUMBI exercera successivement, de 2006 à 2015, les fonctions de Ministre d’Etat chargé des infrastructures, travaux publics et reconstruction et de conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité.
Après la rupture avec la Majorité Présidentielle en septembre 2015, le MSR passe à l’opposition. En mars 2016, le MSR se coalisé avec 6 autres partis pour créer le G7. En juin et de la même année, le G7 fait partie des initiateurs du Rassemblement des forces politiques et sociales acquise au changement (Rassemblement) et Pierre LUMBI en devient le président du comité des sages (après le décès d’Etienne Tshisekedi). Il était, jusqu’à sa mort, Secrétaire général de « Ensemble », parti de Moise Katumbi.
Benjamin Babunga Watuna