A Goma, les Vélos facilitent l’accès à l’eau plus que la REGIDESO

L’eau potable, un casse tête pour les habitants de la ville de Goma, pendant qu’elle est bordée par un des plus grands réservoirs d’eau douce au monde, le lac Kivu.
Depuis la création de cette ville en 1988, à l’époque du Zaïre, la ville touristique et volcanique de Goma et chef-lieu de la province du Nord Kivu est butée à un grave problème, celui de la disponibilité et accessibilité en eau potable.
Le plus grand rêve pour les habitants de Goma, c’est de voir l’eau coulée dans les robinets. Plusieurs habitants perçoivent qu’avoir de l’eau chez soi, est un luxe.
Plus deux décennies après cette question est loin de trouver une réponse adéquate. Si dans certains coins de la commune de Goma font recours au lac, parce qu’ils vivent à moins d’un kilomètre du lac Kivu, les habitants de certains quartiers comme Katoyi, Ndosho, Buhene, Kibwetville, Kiziba, Turunga, Mugunga, Majengo, Virunga, etc ont des difficultés d’avoir accès à l’eau potable, parce qu’elle est une denrée rare. Pour en avoir, il faut suer avant de boire, les concitoyens de ces milieux font parfois plus des kilomètres à pied pour puiser de l’eau au lac. Dans ce cas, il faut se réveiller tôt, soit à 3 ou 4 heure du matin pour commencer le voyage et puiser qu’un bidon de 20 litres, pour un ménage parfois de plus de 5 membres.
Malgré l’insécurité généralisée dans cette ville avec des tueries, des kidnappings ou enlèvements, cette carence en eau potable fait que certains habitants passent nuit aux bornes fontaines espérant avoir de l’eau aux premières heures avant sa coupure.
Dans un soleil accablant, d’autres passent aux robinets toute leur journée et rentrent parfois sans en avoir, et impatiemment les uns choisissent le chemin du lac Kivu pour s’y procurer, malgré les multiples risques, notamment les noyades et les accidents routiers.
A ce jour, on observe une explosion démographique et cela augmente les besoins d’eau potable mais il s’observe également une certaine légèreté de la part du gouvernement tant provincial que nationale face à ce sérieux problème.
Pour pallier à ce défi, les vélos et les thanks jouent le rôle de la fameuse société étatique chargée de distribuer de l’eau potable à tout congolais, dénommée Régie de distribution d’eau, RGIDESO.
Dans tous les coins de la ville, les vélos sont utilisés par certains citoyens « Cyclistes » pour puiser de l’eau au lac Kivu afin d’en revendre au prix de 300 et parfois 500 Francs Congolais pour un bidon de 20 litres pendant de la saison sèche.
Au Lac, dès le lever du jour, une chaîne de cyclistes se succèdent pour puiser dans les bidons.
Chaque bicyclette transporte en moyenne 6 bidons, soit environ 120 litres qui sont écoulés dans les quartiers périphériques privés d’eau et même dans les quartiers résidentiels ; nous explique un cycliste, vendeur d’eau. Il ajoute que par jour, il peut espérer gagner 5 à 10 USD par jour.
A Goma, c’est connu de tous, les habitants consomment l’eau du lac parfois non purifié et d’autres encore consomment l’eau de la pluie, une eau toxique avec le volcan. Exposés à des risques et périls sanitaires, « advienne que pourra », on n’a pas le choix ; affirment certains.
Certains observateurs n’arrivent pas à comprendre le contraste selon lequel les professionnels de santé demandent aux paisibles citoyens de se laver les mains pour lutter contre la pandémie à Covid-19, pendant que Goma n’a pas d’eau.
La pénurie en eau potable dans la ville de Goma, n’est qu’une question de manque de volonté politique et l’irresponsabilité de la REGIDESO ; pensent certains habitants. Beaucoup de promesses à la population, des jours passent, des mois, des années mais aucune réalisation n’est visible.
Thierry M. RUKATA