Verdict du Procès Kamerhe : Déterminant de l’avenir politique de la coalition CACH-FCC ?

Le 20 juin dernier, le tribunal de grande instance de la Gombe à Kinshasa infligeait 20 ans de travaux forcés à Vital Kamerhe et son coaccusé, le Libanais Samy Jamal, tous deux reconnus coupables de détournement de 48 millions de dollars.
Ces fonds étaient destinés à financer le « programme des 100 jours ». Mis en place par Félix Tshisekedi au lendemain de son investiture en janvier 2019, ce programme était censé doté la RDC d’importantes infrastructures dont les sauts-de-mouton et les maisons préfabriquées pour les militaires et policiers.
Le verdict a suscité des réactions mitigées dans tout le pays ou presque. Si les uns y voient un acte fort d’instauration d’Etat de droit promit par Félix Tshisekedi pendant la campagne électorale, les autres estiment par contre que le tribunal de la Gombe n’a pas fourni les preuves de la culpabilité de l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Un sournois rapprochement entre le FCC et la famille Kamerhe.
Plus de 3 mois après son arrestation, l’opinion publique assiste désormais à un rapprochement entre le camp Kabila en tension permanente avec l’UDPS et Vital Kamerhe, le moins qu’on puise déduire, abandonné par Tshisekedi, son allié politique à l’ex-prison de Makala.Ce rapprochement a commencé par la visite dite de compassion de l’ex-Première dame Olive Lembe Kabila, épouse de l’ancien président congolais Joseph Kabila, à la famille de Vital Kamerhe.
Cet acte bénignement louable a été suivie par d’autre visite frappante à Makala comme la pastorale de l’Abbé Nsole, Porte-Parole de la CENCO, l’encourageante de Norbert kantintima, notable du Sud-Kivu et finalement la courtoise de Néhemie Mwilanya, coordonnateur du FCC.
Ces visites défraient la chronique dans un contexte marqué par les précédentes sorties médiatiques des dirigeants de l’épiscopat qui craignent que le procès Kamerhe entre dans le cadre des calculs politiques et la confirmation de la participation du FCC dans le procès dit de 100 Jours par Emmanuel Shadari, ou l’optimisme de Kantintima de la libération de ce dernier.
Une mise à l’écart possible de l’UDPS et la naissance de la coalition FCC-UNC ?
A plusieurs reprises, le camp Kabila actuellement partie prenante dans la gestion du pays a menacé de rompre la coalition avec l’UDPS.
La logique de l’UNC est la demande de clarification de la position de Tshisekedi, jusque-là silencieux et indécis dans le malheur qui atteint son partenaire et dauphin à la présidentielle de 2023.Analysé sous cette optique, le rapprochement entre le camp Kabila et l’UNC de Vital Kamerhe, pressage un repêchage possible de ce dernier.
En effet, l’histoire d’amour entre ces deux hommes d’Etat ne remonte pas de la dernière pluie. Elle était précédemment à la base des grands enjeux politiques dans le pays.
Bien que les cartes semblent être entre les mains de Tshisekedi, au vue de la promotion dont viennent de bénéficier le juge et l’avocat de la partie civile qui ont officié le procès au niveau du premier degré, la possibilité d’un acquittement ou d’un allégement de peine n’est pas à écarter s’il faudrait considérer le poids politique et le moyen de pression entre les mains du Front Commun pour le Congo ou de l’UNC.
Le procès en appel renvoyé au 7 août pour régularisation de la saisine. La partie kamerhe annonçait déjà que « tout était à refaire à ce niveau ». L’œil observateur est donc ouvert car tant que l’homme vie, il ne faut jamais dire le dernier mot en politique.
Lucien BIRINGANINE